Du côté de Beimen, à Tainan

A Beimen, au nord-ouest de Tainan, se trouve un vaste complexe touristique centré sur deux buts : tout d’abord, une grande esplanade de verdure ornée ça-et-la de petits attraits photos-souvenirs comme une construction occidentale, un arrière plan de chapelle, un bord de mer romantique orné des lettres L-o-v-e, etc. Le tout à deux pas de terrasses et boutiques faisant vivre le lieu et profitant des visiteurs sur place. Ensuite, un grand centre expliquant la politique écologique de Tainan qui protège les baleines et leur reproduction, exploite ses marais salants, etc.

beimen meltingpot

Mais c’est surtout un petit musée discret et consacré à la « maladie du pied noir » qui a attiré ma curiosité. Le bâtiment rénové n’était autre que la modeste clinique du Dr. Wang Jin-he (王金河). Né à l’époque de la colonisation japonaise et formé à l’université médicale de Tokyo, Wang Jin-he a consacré la plupart de sa carrière à la recherche sur la maladie du pied noir, une maladie chronique mystérieuse à l’époque et qui est en fait une maladie vasculaire périphérique (MVP) dans laquelle les vaisseaux sanguins des membres inférieurs sont gravement endommagés, ce qui entraîne une gangrène progressive nécessitant l’amputation du patient.

D’abord installé à Tokyo où il pratiquait dans un hôpital après son diplôme obtenu à l’université médicale de Tokyo en 1941, Wang Jin-he revient auprès de sa mère malade deux ans plus tard et décide d’y rester après son décès.

De confession chrétienne, Wang Jin-he faisait partie de la communauté presbytérienne de Tainan, dans le sud de l’île, et au fil de ses rencontres avec les missionnaires et bénévoles sur place, il se laisse convaincre de s’installer à Beimen, dans son village natal, où il ouvre une clinique privée et investit son temps et ses économies à la recherche d’un traitement de la maladie du pied noir qui se répandait rapidement à la fin des années 1950 à Tainan et Chiayi. Soutenu par l’Eglise presbytérienne, et grâce au soutien financier de la mission « graine de moutarde » et aux dons généreux de tous les côtés, Wang Jin-he a pu ouvrir en 1960 une clinique spéciale chez lui pour soigner les patients de cette maladie chronique, à titre gratuit. Une cause et des soins qu’il ne quittera plus pendant 25 ans de dévouement sans relâche, n’hésitant pas à porter sur son dos les patients paralysés ou amputés. Pour les patients décédés issus de familles modestes, Wang Jin-he offrait même son temps et ses talents de bricolage pour leur fabriquer des cercueils et les enterrer.

En outre, beaucoup de patients opérés ne pouvaient plus reprendre leur activité professionnelle et leur situation économique bancale fut aussi un souci du médecin généreux qui a collecté des fonds nécessaires et créé un centre de formation d’artisanat dans l’espoir de les aider à réintégrer la société. Ce centre a fonctionné de 1963 à 1978, jusqu’à ce que le gouvernement ne prenne le relais de la gestion de ce centre.

Ce musée dédié à son oeuvre et son dévouement a été inauguré en 2007 par la collectivité locale de Beimen qui souhaite mettre en lumière cette lutte contre la maladie du pied noir dans toute la région qui a tant souffert de ce fléau.

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