Sur le front à ciel ouvert

En fait de front, c’est davantage la vue surplombante de la capitale qui régnait sur ce terrain aux empruntes militaires, à Qingtiangang. Au coeur de la montagne Yangminshan,  Qingtiangang est le point culminant du sentier Jinbaoli, entre Jinshan et Shilin. C’est pourquoi les Taiwanais le surnomment Lingtou, littéralement « chef de la crête ».

Ce lieu élevé et son accessibilité nous offrent de belles vues de la plaine de Jinshan au nord et de la ville de Taipei au sud. Il était surtout autrefois un point stratégique important. Il a vu son sol foulé non seulement par les soldats du Henan, sous la dynastie Qing, alors qu’ils étaient en garnison ici, mais il a également été sinon le repaire, du moins le passage fréquenté de nombreux bandits et brigands. Plusieurs  unités armées ont aussi été postées sur place.

A l’époque de l’occupation japonaise, de 1895 à 1945, l’armée impériale s’est elle-même postée dans ces montagnes et sur ce point stratégique de Qingtiangang. Les soldats nippons préparèrent alors tout un dispositif de défense incluant la construction d’abris anti-aériens, des bunkers souterrains, et même des abris anti-aériens éparpillés sur toute la zone de Qingtiangang.

A la fin de la guerre, lorsque Taiwan a été rétrocédée à la Chine, les forces nationalistes chinoises ont progressivement investi les lieux. L’armée nationaliste a alors amélioré les infrastructures japonaises et ont construit des casernes, des tranchées et toutes sortes de fortifications pour défendre la capitale de Taipei contre les éventuelles attaques des communistes du continent.

Aujourd’hui, les promeneurs profitent surtout du paysage et de la nature léguée par Yangminshan. Les quelques traces des abris anti-aériens ou autre présence militaire rappellent au fil de la balade les anciens jours de tension, même si au final c’est la sérénité du lieu et du paysage qui l’emporte au fil des pas avancés sur le sentier Jinbaoli.