Secrets de radio : l’émetteur de Kouhu

Cela faisait quelques temps que je n’avais pas posté quelque chose de consistant. Et bien me revoilà avec dans ma besace une petite histoire qui vous permettra de découvrir le site de nos antennes de Kouhu, un lieu perdu au milieu des marécages et bassins de pisciculture du centre-ouest de Taiwan. Un lieu aussi magique qu’insolite, où les ondes qui bombardent la Chine se mêlent aux effluves marins et autres senteurs du large.

La traversée de l'étang
La traversée de l’étang

« Des antennes dans l’eau ? – On a certainement déjà fait plus simple pour accueillir une telle infrastructure de métal et d’acier … » C’est un peu la réflexion que je me faisais avant de monter dans le TGV qui devait nous emmener, Aurélie et moi, jusqu’à la station de Chiayi, quelque part dans le centre de Taiwan. C’était là le début d’un pèlerinage de 4 jours qui allait nous mener dans plusieurs sites des émetteurs de RTI.

La première étape se trouvait donc à Kouhu – la bouche de l’étang pour faire dans la traduction littérale -. On m’avait donc parlé de ce lieu atypique, de ces antennes qui sortaient de l’eau et qu’il fallait rejoindre à l’aide d’un véhicule ou d’une embarcation appropriée. Arrivés en pleine nuit – la route fût longue – nous n’avions aperçu que les lumières rouges et lointaines de ces tours. Il nous fallut donc attendre le matin pour découvrir les secrets de l’endroit.

La partie "humide" de l'émetteur
La partie « humide » de l’émetteur

Mais coupons court à toute spéculation. Le choix de placer des antennes dans un étang n’est pas celui de l’Homme mais plutôt de Dame Nature. En effet, il y a eu une époque, disons une vingtaine d’années auparavant, où les antennes de Kouhu n’avaient pas les pieds dans l’eau, mais bien au sec.
L’histoire de RTI nous raconte qu’il y a environ 30 ans de cela, l’émetteur de Danshui au nord de Taiwan a perdu quelques-unes de ses belles antennes pour raison militaire. Un truc de terrain nécessaire pour que les gars s’entrainent aux fusils je crois. Il a fallut chercher un nouveau site pour accueillir ces antennes orphelines et il s’est trouvé que la compagnie nationale Taiwan Sugar possédait quelques terrains libres du côté de Kouhu dans le comté de Yunlin. C’est ainsi que cet émetteur vit le jour et c’est d’ailleurs le site le plus récent que possède RTI dans ce domaine.

Combien de temps encore avant que l'eau ne recouvre tout ?
Combien de temps encore avant que l’eau ne recouvre tout ?

Le plus récent peut-être, mais certainement le moins chanceux aussi. Il y a peu de régions à Taiwan où la Nature n’est pas vicieuse et ce qu’on peut dire de Kouhu, c’est que la Nature n’aime franchement pas l’endroit. Ou plutôt que RTI squatte les lieux. C’est vrai. Quelques années seulement après le lancement des premières ondes envoyées vers le centre et le sud de la Chine communiste, la terre a commencé à s’enfoncer doucement. Là-bas, on se lamente surtout des typhons, on pointe aussi les tremblements de terre … mais on accuse plus rarement l’industrie de la pisciculture qui fait aussi beaucoup de mal. Mais peu importe, le sol de Kouhu, il s’enfonce d’un centimètre par an. C’est beaucoup.

Séance photo au pied (dans l'eau) de l'une des antennes
Séance photo au pied (dans l’eau) de l’une des antennes

L’eau est salée. Et elle est partout sur la partie la plus à l’ouest du site. Du toit des locaux de l’émetteur, on devine tout juste l’ancien chemin de ciment qu’utilisaient les ingénieurs lorsqu’ils s’attaquaient aux réparations. Aujourd’hui, on aperçoit les poteaux des câbles dans lesquels transitent les ondes qui s’envoleront un instant plus tard vers les récepteurs chinois. C’est ce chemin désormais immergé qu’emprunte le véhicule qui nous mène au pied des antennes. Les plus patients peuvent le faire par leur propre moyen, de l’eau parfois jusqu’aux genoux.

Il ne faut pas s'éloigner des poteaux qui marquent le chemin unique entre l'entrée et la sortie
Il ne faut pas s’éloigner des poteaux qui marquent le chemin unique entre l’entrée et la sortie

Je fais le chemin tantôt à l’arrière du petit tracteur qui franchit péniblement l’étang, tantôt à pieds pour expérimenter cette impression étrange. Des poissons et des crabes ont élu domicile entre les algues qui semblent danser au rythme des vagues et du vent. Et ce soleil de plomb qui frappe de toutes ses forces. J’ai l’impression que l’eau est toujours plus profonde tandis que je m’approche des antennes. On entend des cris venant du village de Kouhu de l’autre côté. C’est loin et pourtant, c’est comme s’ils étaient à quelques mètres de moi seulement. Oh ! Je ne sais plus … j’ai la tête qui tourne et c’est probablement cette eau dansante qui est partout … ou alors c’est ce foutu soleil.

Vue depuis le rivage
Vue depuis le rivage

Heureusement que les antennes ne sont pas difficiles. Elles tombent rarement en panne. Mais il faut au moins les inspecter une fois par mois. Et le grimpeur attitré doit s’en approcher doucement paré de ses bottes de caoutchouc qu’il doit ensuite enlever pour s’attaquer aux premiers barreaux.

J'en ai marre... faites moi rentrer !
J’en ai marre… faites moi rentrer !

Il parait qu’en hiver, les conditions sont pires. Aux chaleurs estivales et violences du soleil suivent le vent froid et sec du nord-ouest. Un souffle qui vient du continent chinois et qui empêche la végétation de vraiment pousser lorsqu’elle s’approche trop près. J’irais peut-être y refaire un tour lorsque ces conditions dantesques seront réunies.
Heureusement, l’autre partie du site est assez épargnée par les eaux grâce à un canal construit pour évacuer inondations provoquées par les typhons. La Nature n’est pas commode ici, on me dit qu’elle a déjà même fait tomber des antennes.

La partie est du site de Kouhu
La partie est du site de Kouhu

Franchement … les gars … chapeau ! Opérer des réparation sur ce genre de site, ça doit être un sacré boulot ! Difficile, dangereux …

Ah ouais … mais c’est rien à côté du site de Lukang. Lukang, c’est quelque chose.

Lukang ? C’est à Changhua non ?

Ouaip ! C’est à Changhua. Et à côté de leurs antennes, nos réparations, c’est de la gnogotte …

Une autre histoire.

4 réflexions sur “Secrets de radio : l’émetteur de Kouhu

  1. Quel reportage réalisé par la talentueuse équipe de : Xav et Aurélie !…Cela ne devait pas être vraiment difficile d’arriver à l’émetteur de Kouhu. J’ai beaucoup aimé votre travail là bas à sur le site de Kouhu,…Bravo ! pour les photographies joliment prisent du site !…
    J’attends avec impatience le prochain reportage.

  2. Ping : Secrets de Radio : Baozhong, de métal et de verdure | Blog français de Radio Taiwan International

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