Au fil de l’eau

“L’embouchure de la rivière”, ‘溪頭森林遊樂區’ voici le nom d’un parc récréatif plus boisé que placé sous le signe de l’eau situé dans la région de Lugu ‘鹿谷’… Nous sommes sur les hauteurs de la Montagne de bambous ‘竹山’ située au centre de Taiwan.

D’ailleurs, les bambous poussent comme des champignons ici et garnissent ce coin montagneux, première région d’exploitation de l’île pour de belles pièces d’ameublement intérieur. Les effluves odorantes du bois fraîchement coupé se dégagent des usines de fabrication et des points de vente le long de la route, mais plus agréable encore est le son du vent qui fait crisser les longues tiges de bambous encore sur pied.

Mais pour cela, il faut s’aventurer sur les sentiers du parc forestier…

Forêt de bambous

Moyennant un droit d’entrée de 200 dollars taiwanais (environ 5 euros) justifié par l’entretien des allées du parc, boisé et géré en partie par l’Université Nationale de Taiwan, le promeneur n’a plus qu’à s’engager sur l’un des sentiers aux noms plus poétiques les uns que les autres …

‘Le sentier arc en ciel’, ‘le sentier du Phénix’, ‘le sentier de l’arbre sacré’, ‘le sentier du rocher géant’, ‘le sentier de la forêt tropicale’, ‘le sentier Ginkgo’…. 

Gingko ? Je découvre à ma grande surprise ces ‘arbres aux abricots d’argent’ (銀杏) pour la première fois à Taiwan. Appartenant à la plus ancienne famille d’arbres connue, les Ginkgo Biloba aussi surnommés ‘arbres aux mille écus’ pour la couleur éclatante de leurs feuilles dorées venu l’automne, sont particulièrement vénérés des Japonais, presque aussi populaires que les cerisiers en fleurs. Vous reconnaîtrez d’ailleurs la feuille dorée comme emblème de la capitale Tokyoîte. Et ce sont en fait ces voisins nippons qui en ont planté une forêt ici durant la colonisation japonaise.   

En ce temps là, sous la gouverne du département d’études forestières de l’Université Nationale de Tokyo, les Japonais avaient fait de ce parc forestier établit en 1970 un terrain d’expérimentation. Depuis, les Taiwanais ont repris la gestion de leurs terres et repris le système de gestion des Japonais en l’attribuant à l’Université Nationale de Taiwan. 

Vestige d’un héritage japonais, une fois de plus, nous avançons en fait dans la seule forêt Gingko de l’île au milieu de ces ‘arbres grands-pères’. Voici encore un nouveau sobriquet pour cet arbre qui pousse très lentement. La jeune pousse plantée par l’enfant lui laisse le temps de toute une vie pour devenir arrière grand-père avant d’afficher une première belle floraison. Il faudra penser à revenir ici en automne, dans la chaleur humide de cette forêt, lorsqu’à l’ombre de ces arbres majestueux, les feuilles de Gingko bariolent de tâches dorées le tapis de mousse vert qui vient d’être arrosée d’une pluie, nombreuses en cette saison.

Arbre millénaire

 

D’un sentier à l’autre, nous passons devant le fameux arbre millénaire sacré, qui affiche un âge des plus respectueux : 2800 ans. Ses mensurations ? 42 mètres de hauteur pour 16 mètres de diamètre. Les visiteurs du parc s’obstinent pourtant à vouloir le faire tenir sur un cliché photo, de plein pied, posant devant…. avec leurs fidèles compagnons de route….

 

 

 

 

Dès que l’on s’éloigne des points de vue proches de l’entrée, le brouhaha des visiteurs s’estompte pour laisser le calme d’une forêt désertée s’installer. Au détour du sentier de l’arc en ciel, un pont dessiné aux sept déclinaisons de couleurs s’affiche à nos yeux… Le nom est décidément plus porteur que l’architecture en béton… Virer de direction pour préférer un pont suspendu en bois qui nous guide dans la végétation de bambous et son doux son de frottement de tiges perpétré par le souffle du vent. On se croirait dans une scène de film chinois tourné au temps de dynasties révolues. ‘Le secret des poignards volants’ peut-être…

Le parc entouré de trois pans montageux n’aura pas fini d’étonner le randonneur qui oscille d’une végétation à l’autre.. Les bambous font désormais place aux fougères arborescentes. Ombres et humidité, deux facteurs clés à leur pousse, ne leur font pas défaut ici au vu de leurs hauteurs approchant les 10 mètres.  

A leurs pieds, des hamacs sont proposés aux randonneurs tentés par une pause au coeur de l’après-midi. J’approuve l’idée et je vous laisse pour en profiter de ce pas… sur quelques clichés de ce parc récréatif, véritable terrain de jeu expérimental des botanistes, qui n’a rien à envier aux parcs nationaux de l’île.   

9 réflexions sur “Au fil de l’eau

    1. aurelie

      L’arbre millénaire affiche désormais sa hauteur vertigineuse aux côtés de ses congénaires de la forêt… Quant aux arbres Gingko, il faudra attendre l’automne pour des clichés de tapis de feuilles dorées.

  1. Michel

    Très intéressant ! Très poétiques.
    Encore un lieu à visiter. Décidemment que de découvertes de Taiwan grâce à vous 4
    Merci

  2. d...illon

    de magnifiques photos accompagnées d’un texte très poétique.
    Un article qui fait écho à la « journée de la Nature » du 12 mai.

  3. Marie

    Splendide ! Mangifique texte et très beaux clichés qui donnent envi de partir de suite dans cette forêt ! Et qui plus est, enceinte de 8 mois, j’apprécierai volontier les hamacs !!!!! Idée à soumettre à nos ONF !!!

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