La semaine dernière, nous avons vu lors d’un premier numéro les origines du Dieu du Tonnerre, un personnage mythologique dont les histoires et les légendes nous ont fait revenir aux premières heures des anciennes dynasties chinoises. Avec le temps, le personnage du Dieu du Tonnerre, homme puissant au visage de singe, s’est affiné pour laisser la place à un être dont l’apparence est à mi-chemin entre un homme et un oiseau. Bras armé de la Justice selon l’Empereur de Jade, le Dieu du Tonnerre applique les sentences à coups de roulement de tambour. Sa puissance est à la fois source de crainte et de respect chez l’homme.

Mais la Justice divine, aussi puissante qu’elle est, n’est pas cette force que l’on pense infaillible. Créés à l’image de l’homme, les divinités, quelles qu’elles soient, leurs fonctions, leurs rangs, leurs origines, ne sont pas à l’abri d’une erreur. En fait, hormis quelques cas d’exception, toutes ont un jour commis cette faute, avouée ou non, qui noircit la carte de visite. Pour certaines, la faute ira même jusqu’à bouleverser l’existence d’autres personnes. Mais encore, aussi divins soient-ils, ces héros de légendes ne sont pas exempts d’une punition exemplaire.
Pour le Dieu du Tonnerre, c’est une histoire bien malheureuse qui est sur le point de changer le cours de son existence…
Comme toute bonne histoire, la notre commence il y a fort bien longtemps. Un temps oublié de la Chine et dont personne ne se souvient guère. Toutefois, durant cette époque, la population de ce qui deviendra plus tard l’Empire du Milieu, connait une nouvelle grande famine.
C’est dans ce contexte peu évident qu’une femme et sa belle-fille vivent seules, ensemble sous le même toit. La mère, très exigeante, ne se nourrit qu’à base de viande, obligeant la belle-fille à trouver mille et une astuce pour assouvir les désirs de la maîtresse de maison. Il arrivera un jour où, manque d’argent ou tout simplement de chance, la belle-fille ne trouvera de quoi mettre dans l’assiette de la mère. Pieuse et respectueuse du code familiale, la fille finit par se trancher la main, la mettant en casserole pour la préparer pour le dîner. Servie comme à son habitude, la mère attaque son repas sans se soucier de la nature de la viande devant elle. Tatillonne, elle ne trouve pas ce plat à son goût et repousse l’assiette en prétextant l’indigeste de la viande et demandant à sa belle-fille d’aller jeter celle-ci dehors.
Une fois dans le jardin, la fille s’approche d’un cours d’eau et jette ce qui fût auparavant sa main. L’histoire, déjà bien triste jusque là, ne s’arrête pas pour autant.
De l’autre côté, tapis dans l’ombre comme à son habitude, le Dieu du Tonnerre, outré, observe la scène. Outré, oui, mais pas pour les raisons que l’on pourrait croire. N’ayant vu que la fin de l’histoire, le Dieu du Tonnerre croit à tort que la fille se débarrasse simplement de la nourriture. Mais comment peut-on gaspiller de la sorte en période de famine ? Le châtiment ne se fait pas attendre et le Dieu foudroie sur le champ la pauvre fille.
Non-content d’avoir fait preuve d’un esprit juste, le Dieu du Tonnerre ramène avec lui l’âme de la pauvrette au palais de l’Empereur de Jade, se disant que probablement, sa sentence ne suffisait pas.
Consultant ses registres, l’Empereur de Jade se rend compte de l’erreur de son bras de la Justice.
Comment ? Le Dieu du Tonnerre n’est pas à l’abri d’une faute professionnelle ? Mais sur qui compter alors ?

Tout comme pour son Dieu du Tonnerre, enfant foudroyé alors qu’il s’apprêtait à égorger un poulet, l’Empereur de Jade dédommage la jeune fille en lui offrant un poste au sein de son administration. La punition pour le Dieu du Tonnerre n’aurait su être plus douce. Il se voit obligé d’épouser la jeune fille qui devient également son assistante. Désormais, elle sera la Déesse des Eclairs et son travail sera d’éclairer les condamnées à la sentence divine que doit exécuter son nouveau mari. Une tâche qu’elle accompli à l’aide de miroirs dont elle use des reflets pour éviter à son mari toute nouvelle erreur de jugement. Aussi, elle effectue sa partie du travail en amont de celui de son époux.
Notons pour la forme et pour conclure cette jolie histoire qui commençait si mal, que comme tout couple qui se respecte, nos deux heureux époux ont aussi une fâcheuse tendance à se disputer. Comme dirait tout un chacun, quand il y a de l’orage dans l’air, il y a des étincelles entre les deux tourteraux. C’est pas moi qui ait inventé ces expressions populaires, je vous prie de le noter également.
Espérons qu’ils ont au moins pensé à fermer le gaz auparavant.
Bonne journée.
Bien que ses miroirs font miroiter le sort divin… je doute que quiconque ne voudrait y apercevoir son reflet…
En effet, ce serait plutôt mauvais signe …
Magnifique!!!!!!!!!
Et en dehors des étincelles, ce charmant couple est-il censé avoir eu des enfants ?
Non pas d’enfant prévu pour ce couple très électrique. Néanmoins, tant mieux, parce que ce ne sont pas les personnages liés de près ou de loin à la foudre qui manquent. L’émission divinité portant sur le dieu de la foudre est une approche assez simplifiée de la situation afin d’éviter à tout le monde de se perdre dans cette complexité taoïste qui n’a rien à envier à la mythologie grecque.
Belle histoire!!!! Mais j’aimerais pas me couper la main !