Bonjour à tous,
Une semaine avant le Nouvel An chinois, je m’offrais un peu de temps pour partir deux jours dans les régions sud-ouest de Taiwan, à Tainan, Pingtung et Chiayi. Trois régions que j’ai eu l’occasion de parcourir en long et en large lorsque j’étais encore un simple étudiant à Kaohsiung. Mais l’énorme quantité de kilomètres avalées ces quelques mois est loin de m’avoir permis de tout découvrir, à l’instar de l’excellent site de transmission de RTI, situé en proche banlieue de Tainan, pour quelques mois encore …

L’endroit n’est évidement pas accessible à tout le monde. Cependant, il y a quelques années de cela, j’avais déjà aperçu au loin cet assemblement d’antennes, dont les lumières rouges illuminaient la nuit de la campagne de Tainan. A l’époque, j’étais loin de me douter que j’aurais l’occasion d’y passer une nuit. Et quelle nuit …
L’année dernière, à l’occasion du Centenaire de la République de Chine, j’ai donné quelques conférences dans diverses villes de Taiwan, dont Tainan. Je rencontrais alors les responsables du site de retransmission de la région et ces derniers m’invitaient à venir les voir sur place si d’aventure l’opportunité se présentait. Opportunité qui est donc arrivée un soir de janvier 2012 où je me suis retrouvé devant un grand portail blanc derrière lequel un chien montait la garde. L’endroit semblait un peu perdu au milieu de la campagne mais au loin, on apercevait clairement dans le ciel la pollution lumineuse de Tainan.
Un ingénieur contacté par un boitier de communication me proposait de venir me chercher un scooter (diantre … c’est si grand que ça ?) pour m’emmener ensuite, après l’avoir attendu 5 minutes, dans l’un des dortoirs du site.
Et après un bref tour des lieux, histoire de comprendre comment marchait la douche, la télé, le distributeur d’eau … il profitait de mon dos tourné pour disparaître à nouveau dans l’obscurité.

Me retrouvant seul au milieu de nul-part, la lumière de l’entrée n’éclairant pas plus loin que les deux mètres du perron, je me décidais à explorer un peu les lieux. Une fois revenu sur la voie cimentée que nous avions suivi jusque ici quelques minutes plus tôt, je pouvais observer un premier ensemble des antennes du site. Le ciel rouge-orange de Tainan n’empêchait nullement aux lumières de ces constructions métalliques – hautes de 30 bons mètres au moins – de briller à un rythme à la fois lent et régulier.
Tournant la tête dans toutes les directions, je prenais conscience de la taille des lieux. A ma droite, au bout du chemin cimenté, j’apercevais un bâtiment au-dessus duquel semblait flotter le drapeau de la République de Chine. Partant dans cette direction avec l’idée d’aller saluer les collègues du site, je marchais -beaucoup trop – longtemps avant d’arriver à destination. Chose étrange, cette impression que le bâtiment semblait reculer à chaque pas que je faisais en sa direction. Et une fois là … personne en vue.

Je passais donc une partie de la nuit à errer, sans croiser âme qui vive. Ce n’est que le lendemain matin que j’aurais l’explication à cette situation. Mais quand même … quelle nuit ! 🙂

Une fois le jour (le soleil restera aux abonnés absents, mais pas la pluie) levé, je retentais ma chance en retournant à nouveau vers le bâtiment aperçu durant la nuit.

Personne en vue. Par contre, je pouvais apprécier un peu mieux le paysage. Un décor à la fois grand et désert, un terrain de basket par-ci, un kiosque avec des bancs par là. Et toujours ces couleurs blanches et rouges qui dominent l’architecture. Pour ceux qui connaissent, cela me rappelait un peu la couverture de l’intégrale du « Secret de l’Espadon » de Blake et Mortimer. Allez savoir pourquoi…
Faisait alors le tour du bâtiment en question, je découvrais que « l’entrée des artistes » se trouvait derrière. Je retrouvais alors certains des ingénieurs que j’avais croisés l’année dernière. L’un d’entre eux me proposait de faire le tour des lieux en scooter – c’est un peu grand me dit-il – question de pratique.

Ce terrain, dont le propriétaire n’est autre que le gouvernement est effectivement immense. Un véhicule n’est pas de trop pour en faire le tour complet. En réalité, les antennes, environ une douzaine, sont reliées les unes aux autres et sont disposées en forme de grand croissant. Le tout, sur l’ensemble du terrain. Le collègue-ingénieur m’explique qu’environ une vingtaine de personnes travaillent sur le site selon un système des 3/8. En fait, il y a toujours au moins 4 ou 5 personnes présentes pour s’assurer que l’ensemble fonctionne correctement et pour intervenir rapidement en cas de problème. A ce propos, c’est également le cas au QG de RTI où les ingénieurs se relayent 24h/24 pour assurer la transmission des programmes en 13 langues (et éventuellement, répondre aux coups de téléphones de leurs homologues de RFI)

Pour dire vrai, avec la disparition progressive de la diffusion par ondes au profit de l’internet, ce site a perdu de sa splendeur. En témoignent les diverses distractions plus ou moins laissées de côté, telles que le terrain de basket, dont les petites tribunes nous démontrent qu’il y eut un temps où des compétitions devaient être organisées entre les employés, devant un public de familles et amis venus nombreux.

Il y a encore quelques années, ce site de transmission transmettait l’ensemble des programmes à travers le monde. Aujourd’hui, il ne s’occupe plus que des programmes anglophones ainsi que ceux des pays d’Asie du Sud-Est : indonésien, vietnamien et thaïlandais. Parfois, le service allemand l’utilise à l’occasion d’émissions spéciales en live.
L’équipe en place doit donc s’assurer que tout fonctionne normalement. Les antennes sont tellement hautes qu’il faut des professionnels pour grimper au sommet, attachés évidement, tandis que les ingénieurs transmettent les pièces et les indications depuis le sol. Rien que pour mettre en place l’installation nécessaire pour permettre à une personne de grimper en toute sécurité, il faut bien compter 2 jours. Mais c’est toujours plus rapide que s’ils choisissaient de coucher l’antenne à réparer. La maintenance se compterait alors en mois.
En théorie, RTI travaille sur un projet de refonte de ses sites de transmission. Un programme étalé sur deux années qui devrait permettre la mise à jour de plusieurs antennes. D’autres sites seront regroupés. Celui-ci, le site de Tainan, devrait théoriquement vider les lieux dans le courant de l’année 2013 ou 2014.
Peut-être que d’ici là, j’aurais une autre occasion d’aller y passer une nouvelle nuit.

J’écoute déjà la radio sur internet…peut-être ce sera le glas des ondes-courtes?
On y viendra un jour, mais je pense qu’il y en a encore pour un moment encore. Reste que la diffusion par ondes courtes/moyennses est très onéreuse.
Un critère qui pourrait jouer dans la balance en ces temps de crise. Mais on ne l’espère pas.
Dans ce cas Xavier devra se trouver un autre emploi!Et Typhaine et Meg devront se tourner vers la ceuillette de thé Oolong!Mais j’estime d’ici 2030!
Le paysage est plus joli de nuit, j’aime bien le rendu des couleurs sur ces photos.
Reste-t-il des employés ayant travaillé à l’époque de la « grandeur » de ce site ? Cela m’intrigue de savoir comment ils ont vécu ce changement…
Je préfère aussi les photos de nuit … la couleur du ciel est un peu « exagérée » car ce sont des poses longues de 30s.
Le collègue qui apparait sur la photo y a travaillé une grande partie de sa vie. Il n’y a pas eu de véritable transition entre différentes périodes. C’est un phénomène sur le long terme. Les gens arrivent en retraite et ne sont pas remplacés.
En revanche on ressent une véritable nostalgie quant il est question d’aborder avec eux « l’époque glorieuse » du site. Pour autant, étant moins nombreux que fût un temps, ils ont toujours beaucoup de travail. La réparation d’une antenne est à chaque fois une nouvelle aventure.
Le passage sur Internet est effectivement et malheureusement inévitable
OK Xavier le plus tard sera le mieux, en attendant profitons-en et
apprenons tranquillement à utiliser Internet. Merci pour l’envoie cartes….
et petit cadeau
Bien cordialement à toute l’équipe
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