Ressentir la vie des peuples du monde en faisant appel à tous les sens, voilà une découverte interculturelle réussie à l’occasion de l’exposition de World Press Photo à Taipei.
Il ne s’agit plus seulement de regarder, mais aussi de tendre l’oreille à la vibration des voix des peuples du monde qui résonne en musique.
Chaque année, le grand prix de World Press Photo, soit le plus important en photo-journalisme, est attribué en avril à Amsterdam. Chaque année, la sélection des photographies récompensées part en périple sur les routes du monde, faisant voyager l’actualité aux yeux d’autres peuples.
Une actualité qui se veut fidèle représentante de la réalité des sociétés, des individus… Chaque année, il y a du drame, il y a du sang, il y a des faits qui marquent l’histoire d’une nation, il y a aussi de l’insouciance…
Cette année, Sarina Yeh, grande organisatrice de la venue de cette exposition à Taiwan, a souhaité faire faire un pas de plus à cette exposition photographique. Faire vivre les cultures du monde à travers la musique autant que par les images. C’est ainsi qu’en mai dernier, des groupes de musiciens venus des 4 coins de la planète se sont retrouvés sur les lieux de l’exposition WPP dans le quartier de Shilin à la capitale pour faire résonner les musiques du monde aux oreilles d’un public taiwanais définitivement séduit.
Percussions africaines, musique traditionnelle coréenne, tango argentin, jazz. Qui a dit que les taiwanais ne bougent pas ? Ils se sont tous essayés à une improvisation de danse africaine rythmée par le djembé de Issouf Kone et au son de sa voix décidement envoûtante. La magie de cet héritier de la grande famille des Griots a opéré.
Puis, le moment de la soirée où allier exposition et fusion musicale a réellement pris tout son sens est survenu lorsque Sarina Yeh a déplacé 6 photos préalablement sélectionnées par les musiciens pour les placer sur scène. Tour à tour, les musiciens se sont attelés à leurs instruments pour dédier un morceau musical à chacune des photographies. Une moment fort en émotion musicale qui a atteint son paroxysme lorsque la photo représentant une jeune femme afghane de 18 ans, Bibi Aisha, au visage déformé (également grand lauréat de cette 54ème exposition de WPP) est apparu sous les yeux du public sur scène. Ce cliché frappant pris par la photographe sud africaine Jodi Bieber est le portrait d’une jeune femme voilée au visage meurtri par des sévices corporels infligés alors qu’elle s’etait enfuie de la maison de son mari situé à Orouzgan -Afghanistan à qui elle avait été offerte en cadeau.
Cette beauté au regard digne et fier nous regarde. Elle nous dévisage tout autant que nous faisons de même. Voici le monde qui se regarde dans le blanc des yeux…. Pour l’interprétation d’un hymne musical dédié à cette photo, Sarina pointe la flûtiste taiwanaise. Elle lui demande d’orchestrer le morceau improvisé par les 9 musiciens de ce soir à présent tous regroupés sur scène. Cette jeune musicienne, au son de sa flûte traversière, fait résonner la voix des femmes du monde victimes d’injustice dans la nuit étoilée de la capitale…
Les musiciens ne se connaissaient que depuis deux semaines, s’étaient essayés à l’interprétation d’un mélange de styles que quelques heures avant le concert, ne parlaient pas la même langue…. et pourtant la magie de la musique a opéré, révélant une fois de plus qu’elle est une vibration intérieure qui dépasse toutes les frontières.
Je vois de belles photos et des musiciens, ça se voit que la Culture Taiwanaise est en bonne santé, pourquoi ne pas récompensé les auditeurs et auditrices avec des petits cadeaux qui écrivent souvent au blog.. bounab6@yahoo.fr
Il y a déjà de nombreux concours organisés chaque mois sur les ondes et Yulin est déjà très généreuse avec le courrier 🙂
Très bel article! Bravo!