Une station de métro ‘imaginaire’

Station de Nankang, terminus Est de la ligne de métro bleue de Taipei. Les passagers embarquent et débarquent dans un monde fantastique tout droit sorti de l’imaginaire du célèbre illustrateur taiwanais Jimmy Liao. Des fresques murales de l’artiste viennent habiller et colorer la métonymie métro/ boulot/ dodo du quotidien des citadins de passage à la station de Nankang.

Cette station de métro dite ‘culturelle’, synonyme de l’effort de la ville pour amener l’art dans la rue, ou plutôt jusque dans les profondeurs souterraines de la capitale, était le thème d’une émission de ‘L’art du temps’. En voici les couleurs :

Vous êtes observés

Des lapins, vous avez dit?Des lapins, vous dites?

En 2001, Jimmy Liao, plus connu en Asie sous son diminutif de ‘Jimmy’, 幾米, publie un album d’images intitulé en chinois 地下鐵, ‘Métro souterrain’, et connu dans la traduction française de Stéphane Lévèque sous le nom : « Le son des couleurs ». L’auteur s’est inspiré du réseau du métro de la capitale où il a grandit pour raconter, en images et en poésie, les aventures d’une jeune aveugle de 15 ans qui prend le métro et débouche à chaque sortie sur des mondes plus imaginaires les uns que les autres.

Images à l’appui. A moins que ce ne soit également ce que vous visionnez à la sortie des bouches de métro de la capitale ?

Sortie d'une bouche de métro

 

Escaliers de la bouche de métro

Sept années plus tard, un jour de noël, la nouvelle station de Nangang ouvre ses portes et ancre l’imaginaire dans la réalite urbaine en colorant la station de six fresques issues de l’album. Les personnages de ces illustrations accompagnent les passagers depuis les escaliers de la sortie 2 jusqu’aux voies de métro. Il s’agit de la première fois que le service des Transports rapides de la ville de Taipei collabore avec un artiste lors de la réalisation d’une nouvelle station de métro. Les fresques ont fait l’objet d’une technique de gravure spéciale pour accentuer l’intensité et la luminosité des couleurs. La taille des personnages en grandeur nature vient également alimenter le sentiment que ces derniers font partie intégrante de la foule en transit, faisant de l’exposition artistique une expérience au plus proche du réel.

Des fantômes qui hantent notre quotidien

La petite fille est toujours làla petite fille est toujours là

Les stations de métro, on y passe, et 3mn plus tard, on s’est déjà échappé ailleurs. Ce sont autant de lieux de transitions dans la vie des citadins, des lieux de bousculades, on court pour attraper le prochain métro car on est déjà en retard. Les stations sont en général vues comme des endroits clos, tristes, sombres et déshumanisés. Inviter les citadins à porter un oeil neuf sur notre environnement quotidien, apprécier le voyage tout autant que la destination, voilà peut-être ce que nous propose l’illustrateur-poète Jimmy.

Ces fresques aux traits enfantins peuvent apparaître comme un art quelque peu naïf au premier abord, mais l’état d’esprit des passagers ne semble pas enclin à engager de profondes réflexions sur des oeuvres d’art moins accessibles et moins lisibles immédiatement à l’oeil. Les oeuvres de l’artiste parlent aux gens, car Jimmy s’inspire de nos vies modernes citadines pour conter ses histoires.

Jimmy est un artiste fétiche des Taiwanais. Lors de l’ouverture de la nouvelle station, on pouvait entendre des membres du personnel lancer des appels aux photographes amateurs les invitant à ne pas s’approcher trop près des plateformes d’embarquement. Trois ans plus tard, les fresques aux animaux géants continuent d’émerveiller les enfants. Les citadins s’amusent à reconnaître les différents animaux extraits des albums. Il semble donc que les taiwanais ne sont pas insensibles à l’invitation au voyage imaginaire qui leur est proposé par Jimmy.

Trouver sa placeTrouver sa place

Ce n'est pas si évident de définir sa place parmi les possibilités qui s'offrent à nous(quelques enfants se sont prêtés au jeu, mais ce n’est pas si évident pour chacun de définir sa place parmi la multitude de possibilités qui s’offrent à nous)

Dans une autre mesure, cette expression artistique qui fait sortir l’art des musées pour être présenté au grand public dans la rue vient également assurer la promotion d’un artiste taiwanais dans son pays d’origine.

A cette station de Nangang viennent s’ajouter trois autres stations de métro dites ‘culturelles’: la station de Chang Kai Check Memorial Hall, la station de Guting et la station de Jiantan. Les pièces d’art qui y sont exposées attirent les regards des passagers à travers les hublots des rames de métro. Le récent développement du réseau du métro de Taipei se fait désormais dans un réel souci d’esthétique que ce soit au niveau de l’architecture, de la conception des stations, du design intérieur, et y ajouxtant la présence d’art public. Cette ligne de pensée est particulièrement visible dans l’extension de la ligne aérienne marron qui trace vers le Nord de la capitale, en direction de Neihu, où les stations sont aménagées sur le thème de « La cité du lac ».

Pour tous ceux qui sont intéressés par la lecture de l’album illustré de Jimmy Liao dont sont tirées les fresques de la station de Nangang, voici les détails :

Les albums de Jimmy Liao ont été traduits en différentes langues dont le français, mais aussi l’anglais, l’allemand, le coréen ou encore le japonais.

La fable moderne « Le son des couleurs » a donné lieu à une adaptation cinématographique par le célèbre réalisateur Cantonais Wang Kar Wai. Li Huan-hsiung en a également fait une adaptation au théatre au théatre national de Taipei.

Et si vous en redemandez ;

Il y a une exposition en ce moment des illustrations de Jimmy Liao à Huashan 1914 Creative Park (華山1914創意文化園區) à Taipei ouverte jusqu’au au 27 mars.

Titre de l’expo: « How to own a corner » (幾米世界的角落特展)

Adresse: East Second Hall (東二館), 1, Bade Rd Sec 1, Taipei City (台北市八德路一段1號).

Site internet: www.huashan1914.com

2 réflexions sur “Une station de métro ‘imaginaire’

  1. arranz

    Superbe reportage concis et précis, magnifiques photos! Bravo Aurélie!
    Je ne connaissais pas ce talentueux illustrateur taïwanais, mais je vais essayer de me procurer son album .J’aime beaucoup son univers artistique mi-ludique mi-fantastique! La station Nankang est un vrai havre de paix!

  2. Ping : François Marcadon s’invite au métro de Taipei | Blog français de Radio Taiwan International

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