Conduire une voiture ou une moto à Taïwan, c’est parfois s’exposer à quelques dangers imprévisibles…

Un jour de la semaine, à une heure où tout le monde sort du travail pour aller manger un morceau.
Les rues sont encombrées de voitures, de bus et de scooters.
Pour moi, c’est l’heure d’aller au travail. Je me faufile un peu comme je peux au milieu du trafic.
Inévitablement, je dois m’arrêter au feu rouge d’un carrefour particulièrement fréquenté.
Au fur à mesure que les secondes s’égrènent, le nombre de scooters qui patientent à mes côtés est de plus en plus conséquent. Au bout de 30 secondes d’attente, notre groupe ressemble déjà à une véritable meute de deux roues.
Le feu ne va pas tarder à passer au vert. Les moteurs commencent à rugir. Les pilotes s’observent du coin de l’œil, cherchant à déceler une pointe d’angoisse chez le concurrent voisin. De quelle manière pourra-t-on s’extraire efficacement de la masse pour arriver en tête au prochain carrefour ?
A ma gauche, c’est une grand-mère sur un 50cm3, pas de problème. A ma droite, c’est un jeune en débardeur, les bras couverts de tatouages. A voir son excitation durant les ultimes secondes, je pense qu’il ratera son départ.
Le temps semble s’arrêter un instant. Plus un bruit. Même les oiseaux se sont tus (remarquez … on ne les entendait déjà pas avant …).
La fraction de seconde durant laquelle le rouge cède la place au vert s’éternise. Et puis …
GOOOO !!!
Tout s’accélère. La meute s’élance, la poignée de gaz poussée à fond.
A gauche, un taxi retardataire coupe la trajectoire pour se placer devant nous. Cruel moment d’hésitation pour ceux qui se retrouvent dans son sillage.
Comme prévu, le jeune à ma droite a mal anticipé son départ et a déjà perdu toutes ses chances de finir parmi les premiers. Par contre, la grand-mère, de façon surprenante, n’a pas hésité à employer des moyens illégitimes pour prendre le meilleur sur son voisin de gauche.
Alors que le groupe traverse en trombe le carrefour, un nouvel imprévu se présente. C’est un trou au milieu de la chaussée dans lequel un plot orange a été enfoncé, probablement pour mettre en garde les automobilistes du danger.
L’éviter, ça pourrait paraître facile à faire quand on est seul. Mais que faire lorsqu’on est une vingtaine de front ?

Accélérer encore plus fort pour espérer trouver un peu d’espace de manoeuvre.
Malheureusement, la grand-mère ne veut pas lâcher le morceau et tient vraiment à mettre tout le monde à l’amende. Côte à côte, face au plot orange qui n’en finit plus de se rapprocher, elle et moi commençons à envisager un mouvement spécial. La distance critique s’amenuise.
Plus que 3 mètres. Ce n’est plus le moment de faire preuve de respect. Ma vie est en jeu (accessoirement, la sienne aussi, mais bon). Je change de rapport, fais hurler un instant le moteur pour espérer gagner rapidement le brin de vitesse nécessaire pour me sortir de ce mauvais pas.
…
C’est de justesse que je passe à quelques centimètres du plot. Aurait-il pu parler qu’il aurait crié le nom de sa mère ou de la divinité des plots de chantier. si si …
Je lève la jambe gauche pour éviter de le toucher. Et je passe tel un équilibriste. Derrière moi, la grand-mère tente de prendre l’aspiration. Quelle bravoure … ou plutôt quelle inconscience !
Le plus difficile est fait. C’est derrière moi.
C’est comme une fleur que j’arrive en tête au feu rouge suivant.
Que se passera-t-il cette fois-ci ?
Ahahah !!!
J’ai adoré ce récit ! De l’action, de l’émotion, une grand’mère sur son scooter… que demander de plus ? Ah si, une bonne rigolade !
Merci, Xav !
Merci pour les encouragements ! 🙂
et la galanterie dans tout ça ? et le respect envers les anciens ? pfffff toutes les valeurs se perdent
Je vais essayer de les retrouver ces fameuses valeurs ! ^^ dîtes-moi où elles se trouvent 🙂
Bien sûr, cette histoire n’est que pure fiction. Sauf pour le plot ! C’est fou ce qu’on peut écrire à partir d’un plot !
Cela dit, pour le reste, c’est tout de même assez représentatif de ce qui peut arriver sur la route ici.
Bien sûr je n’irais pas mettre la vie des autres en danger. Mais figurez-vous que les plus dangereux ne sont pas toujours ceux que l’on croit !
Bien à vous 🙂
ok, mais généralement les pays asiatiques utilisent beaucoup de bicyclettes, c’est un plaisir de conduite la moto mieux que la voiture surtout en ville, mais faire attention bien sur aux accidents, n’est ce pas. bounab6@yahoo.fr
Au Québec,ce sont les nids de poule et les objets hétéroclites tombés des véhicules en marche qui constituent les plus grands dangers pour la circulation.
Stressant la conduite apparemment. Tellement bien écrit.
Première visite sur Blog français de Radio Taiwan International et tu m’as accroché… sans jeu de mots.
Merci ! Si ça fait plaisir, alors ça remplit son objectif !