Un jour, une photo : Un retour vers la cité de l’or !

Un petit saut dans le temps et dans le nord-est de Taïwan pour la photo du jour. On en parle dans le courrier des auditeurs aujourd’hui, alors je vous emmène cette fois-ci du côté de Jinguashi, petite ville réputée pour son histoire très liée au métal précieux, l’or.

La petite ville minière de Jinguashi, surplombant la mer

En ce moment, on parle pas mal de cultes et pratiques religieuses. Beaucoup de questions et malheureusement, pas forcément assez de temps pour y répondre avec des articles détaillés (complétés avec des photos si possible). Mais nous y reviendrons très rapidement. Promis !
Alors, aujourd’hui, nous allons faire un tour du côté de Jinguashi, sympathique bourgade située sur la côte nord-est de Taïwan, pas très loin de la ville portuaire de Keelung. Dans le courrier de ce samedi, on va en parler un peu en répondant à une question posée par un auditeur, et comme il y a un lien avec la religion aussi, je me permet de faire une pierre deux coups. C’est samedi, alors c’est permis !

De la fin du 19ème siècle à la fin du 20èmè siècle, Jinguashi a été un lieu important d’extraction minière. Tout a commencé lorsque des ouvriers, qui travaillaient à la construction de la voie ferrée entre Taipei et Keelung, ont découvert des pépites d’or dans la rivière Keelung. C’est le début de la ruée vers l’or. Le gouverneur chinois Liu Mingchuan a bien essayé d’organiser tout cela, mais quelques années plus tard seulement, Taïwan a été cédée à l’empire nippon.
Commence alors une période très prospère pour Jinguashi qui devient pour un temps l’une des villes les plus riches de toute l’Asie. Le travail est dur, mais apparemment, il en vaut la chandelle. De nombreuses mines sont percées pour extraire plusieurs minerais, dont le principal reste bien entendu l’or, qui une fois traité, est expédié vers l’archipel nippon pour remplir les caisses de l’empire.

Le temple shintoïste de l'or

Les Japonais occupent donc les lieux pendant une période qui va durer 50 ans (1895-1945). Ils amènent dans leurs valises leurs pratiques religieuses comme le shintoïsme, un mélange de croyances liées à la nature avec des éléments pris du confucianisme et du bouddhisme. C’est une religion polythéiste dans laquelle chaque phénomène naturel est commandé par un dieu ou une divinité, en japonais : Kami.
A Jinguashi, ça tombe bien, parce qu’on est en pleine montagne. Un lieu propice pour de nombreuses pratiques religieuses shintoïste ! D’où la construction de ce temple par les Japonais en 1933 dans les hauteurs des collines qui dominent la ville de Jinguashi.

Les ruines du temple shintoïste de l'or

Celui-ci, dont il ne reste plus grand chose aujourd’hui, était dédié à 3 divinités liées aux travaux de la mine. Je cite : « Okuninushinomikoto, Sarutahikonomikoto et Kaneyamahikonomikoto ». Le temple était constitué d’une pièce principale, d’un hall de prière et d’un petit pavillon qui permettait de se « laver » les mains comme le veut la tradition religieuse shintoïste. Il y avait aussi tout un parcours de prières religieuses et chaque année, le 15 juillet, une grande cérémonie y était organisée.
C’est un lieu qui n’est pas très fréquenté aujourd’hui. Peut-être parce qu’il est assez éloigné de la ville de Jinguashi. Pour y accéder, il faut en effet gravir un grand nombre de marches et c’est assez épuisant, surtout lorsque le soleil est haut dans le ciel. Transpiration garantie…

Divinités shintoïstes de l'industrie minière

Mais c’est peut-être tout simplement parce que les Taïwanais sont supertitieux. Un temple laissé à l’abandon, avec des dieux ou divinités qui ne font pas partie des religions propres à Taïwan, c’est douteux. Bien sûr, les touristes courageux n’hésiteront pas longtemps à faire l’effort de se rendre jusqu’au temple, d’autant que la vue qui y est offerte est splendide (première photo de l’article), mais les autres refuseront de peur de se retrouver « possédés » par les divinités mécontentes d’avoir été abandonnées …
En fait, lorsque la Chine a repris possession de Taïwan en 1945, le gouvernement du KMT s’est employé à faire disparaître tout ce qui avait attrait aux pratiques culturelles et religieuses mises en place par les Japonais. Ils n’ont finalement gardé que ce qui avait une utilité concrète, comme la station de transmission de Minhsiung dans le comté de Chiayi et qui sert aujourd’hui à RTI.

D’ailleurs, pour ce qui est de l’exploitation minière de Jinguashi, le départ des Japonais n’a stoppé que temporairement les travaux d’extraction, vite repris par le gouvernement chinois.
Aujourd’hui, le touriste qui comprend le chinois pourra se poser la question suivante : Jinguashi, cela veut dire en gros : « la citrouille dorée ». Pourquoi un tel nom ?
Au sommet de la colline qui surplombe la ville et le temple shintoïste se trouvait un énorme rocher qui avait la forme d’une grosse citrouille. Les travaux miniers l’ont fait disparaitre lorsque les ouvriers ont souhaité fouiller le sommet de la colline. Le nom vient de là. La citrouille n’est plus, mais Jinguashi oui.

La montagne au sommet en forme de théière

Si d’aventure vous avez l’occasion de visiter Taïwan, c’est un lieu qui vaut le détour. Histoire minière, vestiges, paysages, parc écologique, ville à taille humaine et bien d’autres choses encore … bref tout ce qu’il faut pour charmer le touriste en quête d’images marquantes.

8 réflexions sur “Un jour, une photo : Un retour vers la cité de l’or !

    1. bon … je ne retrouve plus ces chiffres, mais j’ai mis la main sur quelques informations qui vous permettront de vous faire une idée.
      les premières extractions minières, disons « percées » de tunnel dans la montagne datent du début du 20ème siècle.
      Le rendement n’était pas extrême, mais pour l’époque c’était déjà pas mal.
      La technologie japonaise s’est améliorée avec les décennies et voilà les seuls chiffres que j’ai pu retrouver. Cela date des années 1930 …
      Les moyennes annuelles étaient de 3 tonnes d’or pur, 15 tonnes d’argent, 11 000 tonnes de cuivre.
      3 tonnes d’or, soit à l’époque, le 6ème de la production d’or pour tout l’empire japonais. D’après les informations que j’ai lues sur place, ces chiffres sont allés en augmentant jusqu’à la seconde guerre mondiale. Quand la production annuelle a dépassé les 3 tonnes d’or, c’est devenu le site minier le plus rentable en or dans toute l’Asie.
      Ce sont des chiffres donnés par le Taïwan Daily News (en date de 1935).

      1. je rajoute deux ou trois choses pour conclure …
        Après 1945, le KMT a relancé l’exploitation abandonnée par les Japonais, tout en utilisant les infrastructures et les technologies nippones. (largement en avance sur la Chine)
        Le rendement est allé en décroissant. La mine a été fermée dans le milieu des années 80.
        Trop couteux pour le rendement.
        Au plus fort de la crise économique l’année dernière, des députés ont proposé de relancer l’exploitation minière. Certains scientifiques estiment en effet qu’il reste encore potentiellement beaucoup d’or et autres minerais enfouis dans les collines autour de Jinguashi et Chiufen.

    1. je me demande comment ils peuvent estimer la quantité d’or restante …
      Déjà que sur les dernières années, ce n’était plus rentable …
      Aujourd’hui, les infrastructures sont laissées à l’abandon. Quand vous passez près de la raffinerie qui se trouve près de la mer, c’est vraiment fantomatique et on dirait que ça fait 50 ans que cela a été abandonné !
      Peut-être qu’avec les nouvelles technologies ça pourrait donner quelque chose, mais je n’y crois pas trop et cette proposition est pour l’instant laissée de côté

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